C’est au détour d’un dîner dans un restaurant 3 étoiles Michelin avec un Lieutenant de Gendarmerie que cette phrase prononcée par lui m’est apparue comme une évidence. (Je sais, vous vous dîtes « il a quand même une vie bizarre, pourquoi il va dîner avec des gendarmes au restaurant ? » : parce que…)
La gendarmerie, l’un des fers de lance des militaires, a actuellement une phase de politique de recrutement intense, conditionnée par Vigipirate. Ainsi, les nouvelles recrues sont formées en 6 mois au lieu de 12 à l’école, en conséquence lorsqu’ils arrivent en caserne et qu’ils sont pris en charge par leur leader, ce dernier doit redoubler d’effort en éducation, enseignement et formation, pour que le gendarme que vous croisez au bout de la rue, soit irréprochable.
Au cours de ma discussion, j’ai ainsi compris que ce lieutenant (le héros de mon récit) avait imaginé une courbe de l’apprentissage tournée autour d’une valeur simple : l’exemplarité. Il enseigne donc qu’arriver à l’heure, c’est déjà être en retard, et le matin, il passe en revue chaque femme & homme pour s’assurer qu’ils sont de bonne tenue pour pouvoir se présenter au public : en synthèse, si tu n’es pas bien rasé, tu ne prends pas ton service.
Et Mon Lieutenant, je sais qu’il fait partie de la même génération que vous et moi : celle qui a bâti une grande partie de l’estime de soi sur la Pyramide de Maslow, au rythme du nombre de likes sur son dernier post Instagram et cette vision de « l’entertainment » qui consiste à jouer en ligne sur des interfaces où généralement tu dois affronter en permanence l’autre voire le tuer…
Alors je me suis posé la question si l’exemplarité n’était pas au final le maillon oublié de notre vision qui pourrait répondre à un besoin de la prochaine génération.
Certes, quand je sais que j’ai dû cirer mes chaussures le mois dernier, je ne suis pas certain d’être le meilleur des porte-paroles.
En même temps, est ce que l’exemplarité, ne consiste pas à penser que chaque collaborateur qui entre dans une entreprise et quelque soit son niveau, doit identifier son tuteur, son coach. Un personnage qui aurait pour mission de montrer avant de donner une autonomie à la personne qui souhaite se révéler.
En réalité, le terrain de jeux d’une entreprise ne consiste pas à mettre en parallèle la satisfaction du client et l’épanouissement de son collaborateur, en créant un cercle vertueux où la victoire est l’objectif, l’exemplarité la méthode, le sens la structure.
Notre société pense que le succès est l’aboutissement d’une entreprise : en réalité, c’est la mettre en position de risque, l’exposer au plus grand nombre, la fragiliser dans ses protocoles, et avec aucune vision pérenne… c’est cela le succès.
La victoire, c’est envisager conduire ses équipes au cœur d’un leadership naturel.
Sans le savoir, Mon Lieutenant maîtrise un leadership naturel par son engagement et sa vision de révéler l’autre.
Alors à la lecture de ce billet, je vous invite d’abord à regarder si vos chaussures sont cirées, et puis à vous poser la question si l’exemplarité ne serait pas une clef de vos prochains actes de management !
Bonne semaine !