C’est incontestable, le monde change. Accepter l’ouverture est un défi.
Le monde est devenu participatif, et nous constatons qu’une partie du pouvoir est donné aux individus en lieu et place de l’avis du collectif. Les prises de paroles d’une marque ou d’un individu font l’objet de multiples concertations pour écarter tout risque de « bashing » sur les réseaux sociaux.
Cette frénésie de la transparence, de la liberté d’expression, de la course permanente du partage d’expérience, est devenue le réflexe de nombreuses personnes qui, munies d’un smartphone dégainent leurs avis, critiquent, jugent.
Expressions différentes entre les réseaux sociaux, les sites d’avis de consommateurs, ou encore les blogs, dont les contributeurs encensent et/ou descendent l’autre, l’individu, le collectif, la réputation d’un homme ou d’une femme, ou la notoriété de son entreprise.
De nombreux contributeurs revendiquent leur indépendance, et certains sont considérés comme blogueur ou leader « d’influence. ».
Ainsi, le cow-boy rédacteur ne souhaite pas être l’ambassadeur d’une marque, mais l’ambassadeur de sa propre personne, magnifié par le nombre de « j’aime » ou de « partages », ainsi il flingue, il dézingue. Son obsession étant le taux de « reach » (vous pouvez même le prononcer riche, car ce contenu partagé lui procure une sensation de pouvoir).
Généralement, il ne fabrique rien, il juge juste le travail réalisé par l’autre, celui qui crée.
Ecrire est un métier, cela s’apprend à l’école et des formations existent, cependant les plus engagés comprennent que leur devoir en qualité de journaliste consiste à informer. Nous, les lecteurs, nous ne leur demandons pas d’être brillants, juste d’être précis. Cependant la génération actuelle souhaite de la reconnaissance, et se transforme ainsi, en polémiste en lieu et place du journaliste, avec comme objectif premier : exister sur la toile.
Les blogueurs, eux n’ont pas obligatoirement de formation, surement une passion, une expertise qu’ils souhaitent partager avec d’autres à travers leur média. Mais quelle est réellement cette expertise ? Une connaissance des produits, du geste du cuisinier, du métier ancestral de vigneron, ou de l’art du recevoir ? Ou simplement celle d’animer une communauté ?
Dans les billets d’humeur qui sont liés à narrer une expérience de table ou de séjour, il y a une règle simple : tu descends une table, ton billet est partagé des milliers de fois car l’homme est cynique. Tu rends hommage à celle-ci pour la qualité de l’expérience passée, elle est partagée ou relayée que quelques fois.
Si l’on part du principe qu’écrire, c’est aussi chercher une reconnaissance et nourrir l’égo du rédacteur, et si la plume qui dézingue a plus de portée auprès du lecteur, l’émetteur est encouragé à pratiquer cette tactique pour être plus remarqué !
La plume « vengeance » se reconnait, elle porte la rancœur, et le pire, c’est qu’elle ne fait jamais progresser l’autre et génère au contraire des clivages, des clans et libère une sensation d’injustice sur la victime : le sujet du billet.
Dernièrement des chefs m’ont informé d’une démarche : « critiquons les critiques » ! Une sorte « je vais te casser la gueule à la récrée… ».
Je ne sais pas si la loi du talion a fait progresser les hommes, chacun et chacune ayant le libre arbitre de s’engager dans les valeurs qui les animent.
Ce billet a juste la volonté d’éclairer, à celles et ceux qui écrivent quelques lignes sur une personne, de leur indiquer que les mots parfois maladroitement écrits blessent, rendent malade, et provoquent le spleen auprès du sujet devenu votre cible.
Ainsi, plus nous serons nombreux à faire prendre conscience à celles ou ceux qui sont à l’origine de ces articles destructeurs, moins nous aurons à trouver des astuces pour s’opposer les uns aux autres.