Quand plus grand chose n’est possible, tout devient envisageable

Le travail est une valeur morale, elle fait même partie de la survie de l’humanité car sans services ou produits, nous ne pourrions plus faire fonctionner notre monde. Pourtant notre système est à bout de souffle, il n’est plus en phase avec les attentes de la nouvelle génération ou d’une autre génération qui après la covid, n’a plus envie d’être épuisée.

On voudrait nous faire croire qu’il y a plein d’occupations à la place du travail mais dans un monde capitaliste, il faut avoir les moyens de se les payer « ces occupations ».

Le travail en France est l’un des plus exceptionnels au monde, nous avons même un système social qui favorise la solidarité car l’entreprise verse en plus du net, d’autres sommes pour la collectivité, mais comme nous ne savons plus bien à quoi, ou à qui ces sommes sont attribuées, nous sommes devenus méfiants.

Nous n’arrivons même plus à entendre que le modèle des retraites ne se financera plus dans 20 ans si nous n’agissons pas. Nous regardons juste demain, cette inflation qui nous guette et affole certains.

Alors la nouvelle génération galère, elle cumule des jobs ou après un premier travail enchaine sur un second souvent issu d’une économie collaborative comme des secteurs de la livraison ou du transport. Ils en sont arrivés à chercher à se faire des petits billets pour vivre mieux, en plus de leurs études, en plus de leur premier job.

Il y a bien les startups qui tentent d’inventer un modèle pour séduire, par exemple des BSPCE (bons de souscription de parts de créateur d’entreprise) pour expliquer que l’investissement personnel d’aujourd’hui pourra payer un jour, mais comme faire carrière dans une startup c’est rester moins de 3 ans, cela ne marche pas non plus. Alors, ils ont trouvé la technique de leur expliquer qu’ils sont une Family Friendly, c’est-à-dire que tous les jeudis soir ils se saoulent en Afterwork en attendant le lundi matin pour prendre un café pendant 10 minutes avec une personne qu’ils ne connaissent pas du tout, car c’est une appli propulsée par l’IA qui leur dicte leurs rencontres pour favoriser la bienveillance : un nouveau monde qu’ils disent.

D’autres prônent la décroissance, car à la fois ce serait une solution pour protéger la planète et une autre pour que les gens puissent avoir plus de temps. Mais cela reste souvent du temps consacré à de l’isolement, face à un smartphone où l’ont consulte la vie sans relief des autres où leur seule matière est un filtre pour rendre la photo (la vie) plus belle. Nous en sommes arrivés même à ce que les entreprises financent des vies fantômes mais remplies de notoriété, des hommes et des femmes qui, sans s’en rendre compte, ont remplacé les hommes sandwichs des années 50 mais avec en plus un code promo.

Notre société souhaite vendre mais sans service, car nous ne savons plus comment former les jeunes apprenants au service à l’autre. Alors que l’avenir balise une très grande majorité de secteurs où les robots remplaceront l’être humain, un vivier colossale de personnes devront trouver alors une autre voie. Les robots travaillent 365 jours par an, sans revendiquer, sans tomber malade, mais aussi sans penser demain, alors l’ensemble des fonds se tournent vers l’IA pour que nous puissions palier ce dernier frein. Mais nous ne consacrons encore aucun investissement à réfléchir les services de demain.

De plus, une part importante de la nouvelle génération ne souhaite pas se tourner vers les métiers du service à la personne que ce soit en restauration, dans les hôpitaux ou dans les Ehpad. Car ses métiers souffrent d’un déficit de notoriété, beaucoup pensent que c’est un métier de servitude, alors que c’est un métier d’attitude. Les hauts potentiels des hommes et des femmes en restauration sont même maintenant chassés par les autres secteurs car ils ont compris que leurs rituels, leurs réflexes et leur expérience seront nécessaires à cette économie de service qu’il faut réinventer.

Il est temps de réfléchir à la création de « l’académie des services », un lieu où on apprend l’art du service combiné à nos outils digitaux pour faciliter l’accès à l’information.

Il est temps d’enseigner les techniques d’un management qui replace au mieux le territoire de l’exigence combiné à celui de la reconnaissance.

Il est temps de s’unir, de penser à plusieurs et de ne plus se plaindre.

Il est temps de commencer même de manière hybride un nouveau système où nous devons nous surpasser dans l’effort.

Il est temps de comprendre que quand plus grand-chose n’est possible, tout devient envisageable.

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