Diriger c’est dessiner son engagement.

Dans de nombreux secteurs, les consommateurs n’hésitent plus à modifier leurs comportements d’achat selon les engagements des marques.

Sur le secteur de la restauration et la gastronomie, les engagements restent timides car ils croulent sous les distinctions et la reconnaissance, seules boussoles d’une profession, les entrepreneurs s’accrochent à ce type de mise en lumière et les marques historiques comme les guides ou les classements lancent maintenant leur distinction verte, bio..etc.. sans pour autant nous poser la vraie question : est-ce que nous pouvons concilier profit et impact positif au niveau social et environnemental sans dépendre d’une marque ombrelle ?

Alors qu’on se le dise, ce n’est pas parce qu’un restaurant donne ses épluchures aux cochons, qu’il peut tranquillement s’enticher d’une conscience qui aurait un impact sur sa clientèle.

L’exercice de l’engagement est beaucoup plus complexe et demande à des entrepreneurs de réfléchir à la définition de leur valeur, leur identité, leur positionnement qu’ils souhaitent transmettre mais surtout revendiquer.

Pour pérenniser une affaire, il faut accepter que la clientèle se transforme en communauté, tribu, qui seront demain fidèles à une marque et ses engagements.

Une promesse ne suffit plus et l’entreprise doit mettre en action sa raison d’être, et hormis des cuissons justes dues à l’évolution des équipements, une sélection de produits en circuit court irréprochables, et des tables devenues sans nappe, je n’observe pas encore de véritables tendances qui distinguent des entreprises inspirantes.

Les enjeux éthiques et les responsabilités sociétales ne peuvent encore occuper le devant de la scène, car nous allons vers un métier acteur et de moins en moins réalisateur où le chef ou la cheffe a de la valeur si son profil est bankable, le tout parfaitement organisé par des agents au profit de la notoriété.

Hors, c’est la carte de l’authenticité qui parviendra à fidéliser les clients où ces derniers ont besoin de comprendre comment une marque améliore le quotidien, agit pour la planète, fidélise ses collaborateurs et collaboratrices.

Nous n’arrivons pas encore à parfaitement saisir que la tendance du marché, plus particulièrement sur la nouvelle génération, est sensible au sens et moins aux médailles et que même les équipes sont sensibles au projet et plus seulement à trouver un simple emploi.

Définir ses missions, c’est abord se fixer un cap, s’interroger sur la finalité et la culture de son entreprise et l’ancrer sur un temps long. C’est aussi accepter que la performance d’une entreprise ne s’exprime plus uniquement sur sa performance économique à court terme, mais inclus dans sa valeur l’utilité sociétale qu’elle apporte à une communauté, sa capacité d’innovation, allant même jusqu’à changer sa manière de gouverner.

Enrichir sa gouvernance est l’un des enjeux, les professionnels de la restauration n’ont comme référent que leur comptable, qui empile des chiffres sans inscrire au bilan des entreprises l’engagement. Ainsi, ils laissent peu de liberté aux entrepreneurs pour envisager des nouveaux modèles de business où ce qui compte c’est la pleine satisfaction de l’usage et pas seulement un transfert de propriété ou de service entre un producteur et un consommateur.

Enfin s’engager, c’est aussi comprendre que c’est un axe favorable à l’attractivité employeur, c’est même demain une nouvelle méthode de management basée sur la coopération : La créativité collective est un levier de motivation et l’engagement des collaborateurs envers une marque aura un intérêt amplifié dès lors qu’elle sera crédible.

L’enrichissement de demain, c’est la définition d’une grille de lecture commune aux clients et à l’équipage qui améliorera la confiance et le partage alors diriger, c’est dessiner son engagement.

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