Faux Départ

C’est avec enthousiasme, détermination et un soupçon de « quoi qu’il en coûte » qu’une poignée de professionnels de l’hôtellerie-restauration ont mis tout en œuvre pour rouvrir leur établissement pour les fêtes de Pâques. Des formules de room service, des solutions où les piscines sont par exemple privatisées toutes les 30 minutes, des chambres où l’on supprime le lit pour ne mettre qu’une table de restaurant, tout a été tenté.

Malheureusement, les nouvelles annonces de confinement où nous avons encore nous Français  du mal à bien comprendre les interdits et les libertés, ont contraint les plus engagés à refermer leur établissement.

Un faux départ, c’est un mouvement en avant qui anticipe une autorisation de bouger.

Rouvrir un établissement après plusieurs mois de fermeture équivaut aux mêmes enjeux que d’ouvrir un établissement à sa création. C’est revivre une époque pionnière où les réflexes ne sont pas encore là mais surtout où une grande majorité de collaborateurs.trices se posent des questions sur l’amélioration de leurs conditions de travail liées par exemple aux coupures.

Résister en ce moment et laisser ouvrir son établissement, c’est aussi aller contre nature, celui de dire non en permanence aux clients, non vous ne pouvez pas prendre l’apéritif en terrasse, non vous ne pouvez pas prendre un digestif au salon. Les hôtels contraints transforment leur lieu de rendez-vous festif comme une salle de restaurant ou un salon et lieu sans âme et sans vie, le client quant à lui se réfugie dans sa chambre pour s’évader de son quotidien dans une prison dorée.

Les plus prudents ne rouvrent leur réservation qu’au mois de juillet et se disant que l’idée est de ne pas en permanence prendre des réservations pour reculer de nouveau le client à d’autres dates. D’autres ayant surement que des problèmes de riches arrêtent leur vente de coffrets cadeaux ou de prévente de packages.

L’incertitude est le pire ennemi de l’entrepreneur, elle angoisse, crispe, fige des situations.

Nous sommes perturbés par la contagion liée à la santé, mais il est aussi essentiel que nous ne devenions pas contagieux à la morosité.

Je perçois en ce moment une lassitude, une envie de baisser les bras, certes plus facile car l’état a mis sous perfusion la profession. La fermeture des maisons en province est légitime car de nombreuses ont peu de clients à moins de 10 km pour venir dormir chez eux.

Ne laissons pas ce faux départ nous envahir, il a été pensé avec la détermination de refaire vivre une maison, de refaire vivre une filière, mais surtout de ré-enchanter les instants d’un client.

Ce que vous avez fait, c’est gagner un temps précieux pour être mieux préparé lorsque le véritable moment sera là. Ce dernier sera plus compliqué car il sera freiné par de nombreuses normes à respecter. Notre réelle délivrance ? l’indice du nombre de vaccinés, la prochaine courbe que nous devrons suivre pour que demain notre vie d’avant revienne bonifiée par cette expérience qui aura duré plus d’un an.

Dès la fin de cette année, nous nous souviendrons de cet épisode, mais serons  tellement heureux de pouvoir tous nous reprendre dans les bras, que nous vivrons plus intensément la vie où les professionnels du secteur de l’hôtellerie et de la restauration pourront rebâtir leur secteur en lieu de bonheurs.

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