Il ne faut pas viser à un retour à la normale mais à l’anormal

Dans l’ancien monde, le deuxième sens de l’anormal est « qui surprend ou inquiète par son caractère inexplicable ». Dans le nouveau monde c’est le premier sens qui prendra le dessus : « Qui n’est pas conforme aux règles ou aux lois reconnues. »

J’aime ce premier sens : penser sans règles et différemment pour inventer demain.

Nous offrir l’opportunité d’être plus agiles et rapides, au contraire de ceux qui sont les plus lents, empêtrés dans la recherche perpétuelle de plans de soutien auprès de tiers alors qu’il faut bâtir des plans de relances pour l’ensemble de notre économie.

Je pense même que le jour où l’état Français arrêtera de financer le soutien mais enfin les projets, nous aurons une nouvelle mobilisation de l’ensemble des entrepreneurs et une capacité de rebond plus forte.

La crise du Covid nous fait comprendre que les populations du monde entier font un rejet du collectif, par exemple le marché de l’immobilier est en mutation avec des recherches de logements en extérieur des grandes villes, le tout encouragé par des entreprises qui ont déjà donné leur accord pour faire devenir durable le télétravail.

Au cœur de cette évolution, l’hôtellerie.

Le sens profond de ce métier n’a jamais été la qualité de la plume de l’oreiller, mais la bienveillance, l’accueil et le sourire de l’équipage : ce dernier sera maintenant caché par un masque et jusqu’à ce que l’on trouve un vaccin dans 18 à 24 mois.

Alors que la restauration s’est déjà inventée les prémices d’un avenir avec le Click & Collect (un chef m’a appelé hier pour m’expliquer qu’il faisait plus de chiffre d’affaires et de marge avec une stratégie de structuration de ce marché qu’avec son restaurant en place assisse), l’hôtellerie cherche encore des solutions dans un monde où les populations ont un rejet du collectif.

Et pourtant, je pressens plusieurs bonnes nouvelles, enfin je tente toujours de regarder différemment :

  • Airbnb plongera entre – 60 et – 80 % de fréquentation : qui va aller chez l’habitant ? qui va aller dans des dortoirs mal nettoyés et désinfectés de grandes villes achetés par des spéculateurs ? – L’hôtellerie professionnelle va retrouver ses parts de marchés.
  • Le mouvement des populations des grandes villes vers les provinces va permettre à des hôteliers restaurateurs de ne plus être que saisonniers, avec plus de personnes à l’année, les commerces dans leur ensemble auront une nouvelle économie. Cependant cela mettra 12 à 18 mois pour avoir les premiers effets, d’ici là il faudra tenir en trésorerie.
  • Le plan de relance de Bpifrance va être massif et va permettre de changer les hôtels d’aujourd’hui en lieu de plaisir et création de demain : par exemple au lieu de monter des hôtels en colonne pour faire des économies de tuyauterie, des étages seront consacrés à d’autres activités ayant des offres locales. Location de bureau à la journée avec des très hauts débits, chambres transformées en lieux de création ou des espaces identiques pourraient être imaginés dans plusieurs villes pour offrir aux clients un monde commun autour de soi où nous verrions la même chose en même temps avec des capacité de réunion de 100 personnes, les écrans seront immenses pour voir plus facilement l’ensemble des équipes et au lieu que nous voyons le dos de son collègue, nous nous verrons tous face à face en vidéo où l’animateur pourra créer un espace commun pour construire ensemble (si une personne de chez Accor tombe sur l’un de mes billets 😉). Alors oui, vous ne louerez plus de chambres à la nuit, mais des espaces à la journée.
  • Les hôtels bureaux et l’hôtellerie d’affaires doivent se rapprocher des traiteurs de proximité, et bâtir des offres de repas adaptées avec une nouvelle logistique de livraison et d’emballages biodégradables, ce marché n’est pas structuré et les traiteurs sont en fait les meilleurs restaurateurs car plus avancés par exemple sur les normes de respect sanitaire et leur service de logistique. L’hôtelier doit penser à développer une économie circulaire pour recréer des zones d’attractivité et de service au cœur de son établissement.
  • Enfin, les clients vont davantage réserver en direct, conscient qu’ils bénéficieront de meilleur prix et que l’économie sans intermédiaire soutiendra chaque acteur, une sorte d’économie solidaire juste par la simple réservation faite par le bon canal.

Alors je pense qu’il faut qu’ensemble nous ne fassions qu’une chose : rêver d’un monde anormal.

 

 

 

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