Logement : une attractivité pour le recrutement

Lorsque j’étais stagiaire, nous étions 2 par chambre de 15 M2, les douches étaient communes, nettoyées par le plongeur par un jet d’eau mélangée à de la javel tous les quinze jours, et nous devions trouver des solutions pour le nettoyage de nos draps car un seul jeu était disponible pour toute une saison. Mais il y a plus de 25 ans, les restaurants débordaient de CV, il fallait même montrer patte blanche et être recommandé pour avoir un stage ou un emploi.

D’un autre côté le logement n’avait que peu d’importance car c’était l’époque des journées de 12 et 15 h.. les fameuses semaines de 70 heures. Si je remarque une meilleure prise de considération du respect des horaires de travail, par exemple des jours de repos sont donnés en compensation, je ne remarque toujours pas d’amélioration concernant le dysfonctionnement du logement.

D’autant plus qu’il est facile de constater que certaines caractéristiques de l’économie nationale (concentration, attraction du littoral, développement fort de résidence secondaire, logement maintenant chez Airbnb) amènent des actifs et par conséquent des saisonniers ne  trouvent plus de logement dans les zones touristiques du littorale et de montage au moins depuis plus de 10 ans. Nous savons développer une industrie touristique, mais nous ne savons pas affecter du foncier aux équipes, qui travaillent peut-être moins mais qui dilapident actuellement leur salaire dans les loyers.

Un hôtelier est un professionnel du logement, ainsi au lieu de construire encore un énième hôtel, est ce que la réhabilitation de parc immobilier en logement pour les salariés n’est pas à la fois un engagement sociétal et en même temps une décision essentielle pour pérenniser son entreprise ?

Au cœur des villes et des villages, le problème du logement dans une zone touristique ne concerne pas que les salariés des hôtels et des restaurants, mais l’ensemble des entreprises, d’autant plus que les propriétaires préfèrent maintenant louer leur bien à 500 euros la semaine à des touristes qu’à 750 euros par mois à des salariés. Et comme le marché de la location se rétrécit, le prix du reste des biens augmentent.

En conséquence, les difficultés de logement pour les salariés permanents comme saisonniers, du fait des limites de l’offre et du coût du marché locatif accentuent les problèmes liés au recrutement de personnel dans les entreprises de l’hôtellerie et de la restauration, et encore une fois : peu de personnes agissent.

Pourtant, améliorer les conditions de logement constitue un puissant moteur de développement de l’économie touristique, il est nécessaire de créer de l’innovation sur ce secteur.

Par exemple, les entreprises pourraient se réunir pour réhabilité des bâtiments de l’état, ou d’anciens ehpad, cliniques ou hôpitaux pour loger des salariés venant de différentes entreprises et pas seulement de l’hôtellerie-restauration pour créer de la mixité et favoriser l’ancrage des équipes. Il est important de bâtir des projets de logement avec différents univers d’entreprises car souvent les professionnels du secteur de CHR ne se connaissent qu’entre eux du fait de leurs horaires décalés de travail, ils et elles n’ont pas assez l’opportunité de rencontrer des personnes d’autres univers pour leur propre enrichissement personnel, le logement intelligent est une des solutions.

Certes des hôtels et des restaurants prennent en charge le logement, mais il faut bien comprendre que la personne le soir rentre chez elle, souvent seul lorsque c’est un saisonnier ou employé isolé, il ne s’inscrit pas à long terme. D’autant plus que le recrutement immédiat des 3 années à venir viendra de professionnels de l’Europe de l’est et leur offrir des lieux communs ou une mixité est une clef d’intégration.

La nouvelle génération accepte et favorise l’idée du partage, il suffit de voir la réussite de blablacar. Une philosophie du « blablahome » pourrait naître dans de nombreux territoires de l’alliance de plusieurs professionnels pour développer des programmes destinés à des salariés.

Des bâtiments intelligents pourraient être pensés avec des espaces de rencontre et de créativité communs pour offrir demain pas seulement un salaire mais un package qui combine rémunération, confort et vie sociale.

Dans le secteur de la restauration, un salarié ne cherche plus un emploi mais un projet et au-delà du projet, les entreprises gagnantes dans les 10 prochaines années seront celles qui sauront s’unir pour bâtir des solutions communes, et c’est par ce biais que nous arriverons à lutter contre la dispersion des politiques publiques en structurant et en coordonnant l’action de l’habitat social par les entreprises.

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