Dans un contexte de multiplication des avis de consommateurs, de classements tous plus officiels les uns que les autres et de course à la médiatisation, ne sommes-nous pas en train de perdre l’essentiel : Donner et prendre du plaisir.
Cette semaine, j’ai souhaité m’interroger à vos côtés sur le positionnement dit de « Gastronomie ».
Le contexte de la table distinguée biaise le positionnement propre des restaurants, comme une sorte de définition mystère, beaucoup imaginent que la gastronomie appartient au monde du luxe.
Le luxe se veut exclusif, génère une part de mystère, il est dans la sacralisation du produit, développe une sorte d’intemporalité grâce à la collection.
Juste en dessous, voire à côté, vous avez le segment premium qui s’inscrit dans un mode de consommation quotidien, il empreinte des codes haut de gamme, un certain mode de vie. Il est passionnant car il nourrit le désir, nourrit le rêve. Sur ce segment, certaines marques développent presque une autorité.
Pour faire un parallèle, en gastronomie, vous avez : les maisons de luxe et les maisons de rêve.
Les premières sont souvent hébergées dans de beaux écrins appelés Palace ou Hôtel 5 étoiles où une certaine clientèle se ressource, les autres plus éclectiques se rendent dans des maisons dans lesquelles les rêves s’adjoignent une part d’émotion.
De ma propre expérience, l’émotion ne me suffit plus lorsque je vais au restaurant. A force d’entendre notamment dans les émissions de TV qu’un plat doit raconter « une histoire », nous sommes en train de perdre les talents de demain par la diffusion de messages confus.
La bonne cuisine doit avoir de l’éclat et plus seulement de l’émotion, elle doit puiser sa technique dans la quête d’excellence et pas seulement dans les codifications d’Escoffier qui ont militarisé la créativité.
A l’instar d’une femme qui porte la vie, un Chef doit renouer avec ses envies et être moins à l’écoute de ses besoins.
Lorsque l’on dirige une maison de rêve, c’est la culture de l’envie qui doit devenir autorité, indépendante de toute tendance, pour que la marque de sa maison devienne une signature.
Alors, la signature captive et, un jour ou l’autre, elle attire dans la même soirée à des tables différentes, un grand patron du CAC40 et ceux qui ont cassé leur tirelire pour un anniversaire de mariage.
Etre un acteur de la gastronomie, c’est envisager qu’elle est pour tous et surtout pas élitiste, et c’est cet engagement qui définit votre territoire, pour devenir une signature qui elle-même fait naître dans les yeux de l’autre : la confiance.