C’est un semestre compliqué qui s’achève pour la restauration : grève, météo morose, coupe du monde, un trio qui a priori a fortement joué sur l’activité de nombreux établissements, et ce, toutes catégories confondues.
En parallèle, le manque de personnel conduit des maisons à ne pas pouvoir ouvrir 7 jours sur 7 pendant ces deux mois d’été par manque de saisonniers pour engranger de la trésorerie, et d’autres en arrivent à bloquer le nombre de réservations par simple manque d’effectif.
Certains commencent à dénoncer l’illusion de l’aubaine de la TVA à 10 %, dont l’objectif initial consistait à favoriser les emplois et les investissements. Faut-il rappeler que pour engager, il faut des candidats ?
Des tentatives sont lancées pour bouleverser l’administratif et ouvrir le droit de travail aux migrants, une sorte de plan Marschall pour faire appel à une main d’œuvre étrangère et pallier ce déficit au plus rapide… pourquoi pas..
Cependant, horaires, coupures, rémunération, amplitude, management, restent des thèmes de fond qu’il faut intégrer à une réflexion globale, pour envisager enfin une sortie de crise, en proposant un nouveau pacte à la jeune génération pour les séduire sur les bénéfices de cette profession.
Lorsque j’interviens en entreprise sur les thèmes du management, je remarque que de plus en plus de mes interlocuteurs n’ont plus obligatoirement fait l’école hôtelière, « on forme sur le tas ! » disent certains… Ainsi, l’idée de la «transmission » n’est peut-être plus centrale, car le candidat est en reconversion et celle-ci demande un management plus fin pour accompagner une certaine courbe du changement.
Il est un fait que l’éducation par les parents et l’enseignement par l’école font défaut. Ainsi, l’entreprise qui est dédiée normalement intégralement à « la formation », intervient aussi sur les deux premiers thèmes.
Si l’éducation et l’enseignement suggèrent l’idée d’un tuteur, il n’en est rien de mon point de vue lorsque nous sommes sur la partie formation, car le manager doit ici se transformer en coach et plus en enseignant, surtout quand il pilote une reconversion.
Coacher : c’est mettre en place un management de coopération.
Si les meilleurs professeurs arrivent à faire apprécier les études pour ne plus que les élèves subissent leur scolarité, les meilleurs managers arrivent à révéler le talent du collaborateur.
Comment ?
- En portant des messages qui expliquent le sens des actions, plutôt que d’imposer celles-ci
- En favorisant l’autonomie et la responsabilité
- En acceptant que le collaborateur reconverti, évolue dans un monde complexe et incertain qui demande plus d’assistance
Pour guider et ne plus diriger, il existe deux procédés : « le coach qui montre » et « le coach qui observe. »
Ce coach peut être le même, mais en fonction de son public qui est débutant ou en perfectionnement, il n’aura plus les mêmes réflexes de management.
- « Montrer » : c’est pour que le geste et l’attitude deviennent un basique, un réflexe, et un jour définitivement un rituel.
- « Observer » : c’est pour que le geste et l’attitude prennent la voie de la quête de l’excellence. Ici, l’élève devenu professionnel s’affranchit en proposant des innovations et se pose un jour en qualité d’expert pour inventer lui-même de nouveaux rituels qui seront plus tard enseignés aux débutants.
En réalité, il ne sert à rien d’enseigner que des préceptes à des débutants en reconversion, au risque de les dégoûter. C’est pour cela que le coach doit développer en eux des facultés de création et d’adaptation, en puisant dans leurs expériences et en les projetant dans ce nouvel univers.
Le coaching, c’est le nouvel atout du manager : il doit chercher à améliorer les compétences et la performance d’un individu grâce à l’amélioration de sa connaissance, de l’optimisation des processus communs, et des méthodes d’organisation et de contrôle de l’environnement dans lequel, ils évoluent ensemble.
Recruter aujourd’hui des personnes qui sont en reconversion ou qui tentent l’aventure de l’hôtellerie-restauration est une chance, tout l’enjeu est de savoir comment les manager vont se comporter pour accompagner cette population vers l’amour du métier.