Baignés d’émotions négatives pendant plusieurs mois, rumination mentale quotidienne qui sollicite des mécanismes de défense psychique, anxiété liée au contexte externe de leur vie professionnelle, automédication pour certains afin de se protéger de quelque chose d’invisible alors que leur santé va très bien, perte de proches, nouveau contexte de travail à distance, éloignement forcé pendant une durée incertaine : une partie de l’équipage d’une grande majorité d’entreprises est affectée au niveau émotionnel, pouvant atteindre des niveaux plus élevés comme la dépression.
Les entreprises font face à des interactions externes qui nuisent à leur modèle organisationnel habituel, efficace par le passé mais à repenser pour cette nouvelle séquence, du « vivre avec ». Certains spécialistes prédisent déjà d’autres crises, économiques et sociétales alors que nous n’avons encore analysé les conséquences de la première crise sanitaire toujours présente. Dans cet avenir, certains changeront même d’orientation, de vie, ou d’entreprise.
Pourtant, cette période « hors du temps » nous offre un paradoxe : une situation dangereuse qui nous permet de saisir des opportunités. Nos organisations peuvent grâce à l’intelligence collective et l’innovation développer des capacités pour nous adapter.
Nous devons définir un nouveau « juste équilibre » entre le devoir professionnel, l’alliance avec les autres, la bienveillance pour combattre la peur pour soi ou pour les autres, qui dans l’état ne nous conduit pas « à vivre pleinement », favorise des émotions fortes comme la colère ou la révolte, et nous conduit à réagir de façon individuelle et non solidaire.
Cet état d’esprit contagieux est venu par les réseaux sociaux et certains médias en remettant en question les compétence du gouvernement ou des professionnels de santé, et nous a conduit à devenir méfiants : y compris envers notre famille ou nos voisins : une crainte de propagation venant de partout où nous nous sommes sentis cernés.
Nous avons lutté en nous isolant, le scénario du pire pour construire une société, jumelé à l’arrêt de l’activité professionnelle, un sentiment d’inutilité est né pour certains, et pour d’autres la mise à distance physique par le télétravail a développé une perte de repères, compensée par l’idée que de ne plus faire de route pour venir travailler, ou travailler quand on veut est meilleur pour la collectivité.
L’enjeu, ce n’est pas qu’on travaille en présentiel, en télétravail, ou en mixte, mais c’est de comprendre que nous entrons maintenant dans une phase de transition. Les fonctionnements pérennes ne seront qu’à l’horizon 2021 – 2022. Pour le moment, nous devons tirer les enseignements du confinement, de nos relations dématérialisées et du télétravail. Nous avons tous développé des apprentissages pendant cette période, nous avons tous vécus une époque pionnière forcée, il est nécessaire de passer à une connaissance mutuelle de cette expérience pour construire et inscrire un fonctionnement qui tendra à devenir pérenne.
Nous voulons tous préparer la reprise du « comme avant » ou « mieux qu’avant », alors que nous ne sommes qu’au stade de la transition, nous ne sommes pas encore dans « le comment on fait », mais dans le « qu’avez-vous vécu ».
Il est temps de libérer la parole et reconstruire les échanges qui nous manquent tant.
Il est nécessaire de retenir l’essentiel, de se concentrer sur la synthèse pour co-contruire la prochaine étape fondatrice d’opportunité.
Miser sur la force de l’individu, prendre soin de chacun et miser sur la force du groupe, prendre soin du collectif.
Alors, si l’Homme a deux oreilles et une bouche, c’est pour écouter deux fois plus qu’il ne parle.