Gastronomie : devenez des entreprises à mission.

Comment ne pas évoquer cette semaine l’actualité qui a bousculé la gastronomie et animé bon nombre de débats sur la toile. A travers ces quelques lignes, je vous propose d’essayer de décrypter une situation afin que le plus grand nombre puisse réfléchir à comment créer de la valeur en partant d’un fait.

Sur le fond, la décision collégiale du Guide Michelin est leur propre légitimité même si je m’interrogerai toujours sur une notation qui reste opaque au cœur de notre société attirée par de plus en plus de transparence.

Il me semble que pointer du doigt une unique personne est déplacée, le Directeur du guide Michelin n’est pas isolé : il s’est lancé le défi d’animer une marque qui par sa longévité était devenue figée. Avec engagement, il relance les activités du guide sur une époque pionnière nécessaire à l’équilibre perdu entre les avis des experts et ceux de la masse afin que le grand public puisse se faire la meilleure opinion sur les plus belles tables dans le monde.

Sur la forme, je n’ai pas la réponse sur le sens du Guide Michelin d’avoir isolé 10 jours avant cette annonce et surexposé la marque Paul Bocuse, cela a amplifié l’évènement à l’international allant en France jusqu’à une réponse du Président de la République à un journaliste, mais surtout cela a provoqué la création de clans qui camperont sur leurs positions dans les années à venir. Pour ou contre Michelin, pour ou contre Bocuse, ou pour ou contre la gastronomie traditionnelle.

Sorti de ces deux constats, j’ai tenté de combiner cette annonce avec la naissance de notre nouvelle décennie.

Je crois que les lois que nous nous étions fixés jusqu’alors bâties sous le poids de dogme des autres n’ont peut-être plus de sens, elles peuvent même ralentir le rayonnement de notre gastronomie française à l’internationale.

Une nouvelle ère s’offre à chaque acteur de la gastronomie : « nous ne devons plus penser à être les meilleures entreprises du monde, mais nous devons devenir des entreprises qui changent le monde. »

Pour ce faire, il faut changer d’état d’esprit et sortir de la culture de l’affrontement. Il faut revisiter de fond en comble la manière de travailler, et de collaborer avec les autres, il faut s’engager dans une révolution avec modernité et il faut le faire à l’amiable.

Les acteurs de la gastronomie doivent penser leur modèle comme des entreprises à missions : un modèle qui contribue activement au bien commun. Ce nouveau modèle n’aurait pas besoin obligatoirement de la marque de l’autre pour devenir unique et émerger auprès du grand public.

Chaque acteur pourrait formuler une mission, librement définie, dotée d’un impact social, sociétal ou environnemental positif, engageant les actionnaires. Allant jusqu’à l’inscription de cette mission dans les propres statuts de l’entreprise.

L’adoption d’une mission engageant au cœur d’un restaurant gastronomique est la clef pour accomplir une finalité sociétale : autour de la pêche durable, des circuits courts et parfaitement identifiés, de la bienveillance au travail, que sais-je… une idée simple à déployer au cœur de son propre système pour devenir identitaire pour communiquer autrement auprès du grand public et pour attirer le plus grand nombre.

Pour aller au bout du processus, il faut évaluer régulièrement ses engagements et plus seulement l’offre.

Cette nouvelle décennie nous offre des perspectives incroyables, et en réalité le Guide Michelin en replaçant, la plus grande institution de la gastronomie dans le monde vient sans le savoir de libérer les forces vivent et créatives de chaque acteur de la gastronomie pour expliquer qu’une étoile n’est plus un objectif mais une conséquence.

La mission d’un restaurant gastronomique contemporain sera de contribuer au bien commun. C’est ce que jugeront demain les clients.

 

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