La foodtech va-t-elle améliorer la cuisson de ma côte de bœuf ?

La quoi ??? : La foodtech c’est la combinaison entre les technologies, le digital et l’alimentation.

En tant que cuisinier (amateur), la meilleure invention reste pour moi le papier film, il est génial, il conserve, me permet de faire des boudins de poularde au vin jaune, farcis de morilles pour des cuissons lentes et emballées : problème, j’ai la sensation qu’en France, les technologies se sont arrêtées à l’invention du papier film.

Lorsque nous avons une bonne idée en France, elle est souvent copiée. Prenons les logiciels de réservation de table en ligne : en réalité les leaders en Europe n’ont rien inventé, ils n’ont fait que copier le modèle économique de opentable avec réussite.

Cependant lorsque l’on copie on ne crée pas assez de déflagration d’innovation, ainsi, pas assez de restaurants sont équipés de la confirmation de table par carte bancaire obligatoire pour faire basculer le consommateur vers cette habitude et éviter les noshow. Sur le côté innovation de table, très bien, il y a 10 ans copier l’idée de burger gastronomique avait du sens, mais quoi de nouveau : une marque de gâteau avec deux prénoms ? Un restaurant où tu acceptes les enfants ? Les palaces qui, à coup de package, rendent heureux ton chien…

En France, quand on pense Foodtech, malheureusement on parle maintenant trop souvent de la gamelle de Take it Easy, le principe était pourtant bon sur le papier : à la fois les financiers frétillaient car nous étions sur un modèle disruptif et la presse bienveillante fêtait déjà les succès : ils sont jeunes !
Vous le savez bien en France, on ne fête que les 30 ans, au-dessus, t’es plus dans le coup, t’as rien compris…
Il parait même que ton expérience peut desservir l’esprit de l’entreprise : en 1 mot tu ne sais pas jouer au babyfoot.

Le sujet n’est pas d’analyser l’arrêt de cette marque de livraison de plats et je suis sûr que les fondateurs depuis cette expérience auront de nouveau un modèle créateur d’emploi pour notre pays.

Cependant, épouser une philosophie Foodtech, n’est-ce pas défendre une psychologie de perpétuel état start-up ? Je pense que c’est ce qu’aurait déclaré sur twitter Nicolas Appert, vous savez l’inventeur de la boîte de conserve. D’une invention, il a révolutionné un mode de conservation permettant à nous tous de trouver des solutions pour nous nourrir à une échelle planétaire. Si nous transposions les époques à la nôtre, il serait devenu une licorne. Cela sert à cela la foodtech.

Les chefs distingués ne sont pas assez proches de cette tendance qui s’inscrit dans les métiers de demain de l’alimentation et de la gastronomie.

Pendant que l’on réfléchit sur l’épaisseur du molleton des tables, des projets d’expérience unique comme ultraviolet se montent, les méthodes de cuisson évoluent, la conservation fait des exploits, la planète se protège par moins de pesticides. Prenons un autre exemple, alors que les chefs ne font plus que leur pâte à choux dans des robots, les écoles hôtelières continuent à luxer le coude de leurs têtes blondes.

En deux mots : Pensez audace, pensez innovation, petez les codes.

(Vitalie n’étant pas encore en âge de lire, je me permets un écart de language 😉

Pourquoi ? : On ne sait plus produire, notre logistique est archaïque, nos débouchés de distribution sont obsolètes, nos expériences sont moyennes.

Je continue ?

On ne sait plus produire : le sourcing est l’enjeu de notre alimentation et la réduction des surfaces d’exploitation nécessaire pour préserver la terre : moins de chimie pour réaliser des chefs d’œuvre comme dirait Pierre Overnoy, vigneron dans le Jura (CF Omnivore).

Logistique archaïque : le coût du transport sur les meilleurs produits ralentit la créativité des chefs et réduit l’expérience client. Tu parles de la réponse ? Tu n’as qu’à produire locavore et alors le problème c’est le coût de roue, les producteurs sont isolés et ne savent pas comment exporter le produit en France. Et moi je ne suis plus prêt à payer 20 % à celui qui produit et le reste à celui qui emballe, transporte et vend. Il faut repenser la chaîne de valeur.

Les circuits de distribution sont obsolètes : sous-utilisation des réseaux sociaux, confusion entre la réputation et la notoriété dans les restaurants, concentration pour les producteurs de quelques circuits de la grande distribution où vous n’êtes qu’un numéro, que dis-je un prix, mouvements pour sensibiliser le consommateur sur « comment mieux acheter », pas ou peu organisés. Comme si on s’était tous donné rendez-vous près du mur ou dans le mur.

Nos expériences sont moyennes : il n’y a plus une personne qui ne parle plus d’expérience : tu ne dors pas dans un hôtel, tu frottes ton oreille contre la plume la nuit, tu ne manges plus : tu as un orgasme, tu ne croques plus une tarte de pomme maison : tu vois ta grand-mère dans ta cuisine qui te regarde avec un sourire attendrissant : enfin la marmotte continue à mettre sous pli le chocolat. Sublimer, ce n’est pas enjoliver. Sublimer, c’est créer un moyen de grâce qui s’inscrit dans la mémoire de son client où l’innovation est au cœur du processus. Ainsi l’innovation par son succès devient une tradition.

Alors oui, notre côte de bœuf sera meilleure si on pique moins au collier, si la maturation devient aussi une idée de conservation, si elle est accessible dans toutes les régions de France grâce à l’ingéniosité et le regroupement des transports collectifs une sorte de blablabouf, ainsi l’effet Maillard depuis une plaque à haute température maitrisée m’apportera de la mâche, le bon repos au timer me rendra suave la sensation, on pourrait même se laisser à penser que la presse ne me rabâchera que le seul avenir est le vegan foodist, le juste gras pensé par l’éleveur sera là pour flatter mon palais.

Ainsi chère lectrice, cher lecteur, mon expérience sera sublime.

Si vous regardiez de plus près la foodtech, vous pourriez sublimer notre avenir.

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