Le journal du Figaro souligne, dans son édition du 11/12/2015, l’initiative de Philippe Faure, Président d’Atout France, d’avoir créé « la liste », une sélection de 1000 restaurants dans le monde, et précise que « L’intention était de redorer le blason de la cuisine tricolore »….elle sera lancée officiellement la semaine prochaine.
Précisément, le classement du World’s 50 Best Restaurants gène les institutionnels français et plus particulièrement, le Ministère des Affaires Etrangères. Un rapport de la Commission du Conseil de la Promotion du Tourisme indique : « S’il confirme que la planète s’intéresse à la cuisine, ce dernier, clairement influencé par les industriels qui le subventionnent, laisse à notre pays une place qui n’est pas la sienne (5 restaurateurs français seulement dans le palmarès 2014) ». Source le Figaro
Dans ma tribune de la semaine dernière, j’avais évoqué cette simple idée « et si un jour l’algorithme était tout simplement celui du client » car la liste, c’est un projet qui s’oppose mais qui ne fabrique pas d’alternative et de nouveau choix pour le consommateur.
Et puis la liste est sortie en exclusivité dans la rubrique gastronomie du Figaro, et les premières prises de position pour tenter de défendre cette initiative controversée sont avancées.
Dans cette édition, le Président d’Atout France déclare : « Nous nous contentons d’additionner les subjectivités des guides » puis « Nous sommes préparés aux critiques, indique Philippe Faure. Parce que nous sommes Français, les étrangers trouveront qu’il y a trop de Français dans le classement. Nos compatriotes, eux, estimeront qu’il n’y en a pas assez.»
Fort ! C’est tout d’abord de pondérer la note de 25 % pour cette liste d’après les sites avis de consommateurs sur internet quand d’un autre côté la DGCCRF déclare dans son rapport du 22 juillet de 2014 un taux d’anomalies de 45 % des avis en ligne…
Fort ! C’est l’organisation par l’Etat d’une confusion sur la scène internationale, via la décrédibilisation de référentiels historiques, comme ceux du Guide Michelin, du Gault & Millau, ou encore du Guide Champérard…
En évoquant « la subjectivité des guides », le Président d’Atout France contribue à la perte de confiance et de repères des consommateurs, avides de vérifier leur choix avant de valider leur achat. Les dirigeants respectifs des guides apprécieront… Cette « subjectivité » évoquée, n’est pourtant pas le reflet du système de notation des guides historiques. Les fiches complétées par les inspecteurs sont réelles et vérifiées par d’autres, lors d’une prise de décision. Je suis même surpris qu’aucun journaliste n’interroge les intéressés sur cette idée de « subjectivité » ou sur cet immense pillage industriel, organisé par nos institutions, en ne respectant pas les codes de la propriété intellectuelle et des droits d’auteurs.
Fort ! C’est cet élan de nationalisme autour de l’idée fondatrice « notre pays occupe une place qui n’est pas la sienne ». Je me suis toujours dit que la diplomatie c’était de porter la vision, de mettre en lumière les initiatives, non pas de se centrer sur soi-même, c’est l’humanisme qui doit l’emporter au cœur de notre pays des droits de l’homme.
Fort ! C’est cette notion de promotion de la Gastronomie française, « L’intention était de redorer le blason de la cuisine tricolore », et qui laisse penser que les acteurs historiques ont échoué dans leur ambition.
Fort ! Mais quelle mouche a piqué le Ministère des Affaires Etrangères pour le pousser à affronter un fabricant d’eau gazeuse ? En qualité de citoyen, nous pouvons nous interroger sur la mission confiée aux hommes et femmes d’Atout France ?
Fort ! C’est surtout cette opposition entre les chefs internationaux classés les uns derrière les autres, qui encore dérange. Lorsque je parle avec un chef, il m’explique que son 15/20 ou 19 /20 ou son étoile, c’est avant tout une émotion intense, car à la fois ce succès est partagé par ses équipes et ses proches, mais surtout il rejoint un cercle de confiance, ou d’autres chefs sont déjà distingués… Lors de cette nomination, c’est une joie immense qui les envahit, induite uniquement parce qu’ils savent qu’ils rejoignent une famille. Dans les guides historiques, on ne compare pas les uns avec les autres, on fête le progrès d’un ensemble…
Alors c’est aussi pour cela que je ne comprends pas les experts, journalistes, cautions qui ont soutenu ce projet, car ils ne peuvent ignorer que ce n’est pas une profession qui s’oppose, même si comme dans toute corporation, il peut exister des mouvances.
Hadrien Gonzales, le journaliste du Figaro indique dans son article : « Benoît Violier en personne, le lauréat de La Liste, s’interroge : « Cela me paraît très délicat. Au sein même de l’Europe, la cuisine scandinave et la cuisine française ont des identités et des styles qui mériteraient d’être traités dans des guides différents. Alors que dire à l’échelle du monde ? »
Au final, c’est surement pour cela qu’il est premier comme auraient pu l’être d’autres : pour ses qualités humaines.