Le temps de la réflexion est une économie de temps

Autant vous le dire tout de suite, c’est peut-être le billet le plus « chiant » de l’année, je vais vous parler d’économie et en plus c’est un long billet, j’ai même souvenir que dans ce type de cours à l’école hôtelière de Poligny, même le radiateur du fond de la classe où j’étais assis était toujours en panne.

Alors pourquoi, vais-je tenter de garder en vous un minimum d’attention en vous bourrant de chiffres ?

Tout simplement car je me suis rendu compte que lors de mes dernières missions en accompagnement de stratégie d’entreprise, un grand nombre d’entrepreneurs se posent des questions sur la nouvelle phase qui arrive vers nous, après une crise sanitaire, allons-nous vers une crise économique, ou vers une sortie de crise ?

  • Concernant les entreprises en France, 700 000 ont fait une demande de PGE pour un montant d’environ 145 milliards d’euros, pour mémoire elles peuvent faire des demandes jusqu’au 30 juin. Le taux moyen de ce crédit a été de 1.20 %. 16 % des entreprises ont déjà entièrement remboursés leur PGE et la moitié d’entre elles a déjà commencé à le rembourser sans aucune difficulté depuis l’été 2021, hormis quelques secteurs, l’économie va bien en France et les entreprises ont été financées à des conditions jamais observées auparavant.
  • 60% des dirigeants souhaitent même investir cette année et le taux de marge des entreprises est estimé à 34 % n’a jamais été aussi haut depuis 1949 ceci en plus de ces liquidités dues au PGE.
  • Les Tribunaux de commerce ont naturellement moins d’activité et le nombre de faillites est en baisse ce qui démontre que le mur des faillites annoncé était une prédiction fantôme. En 2021, le nombre de défaillances a été de 27 285 entreprises contre 52 000 en 2019, c’est-à-dire – 46.6 %.
  • La croissance en 2021 est de 7 % et n’oublions pas également que l’inflation agit en faveur des emprunteurs en réduisant les échéances d’emprunt par l’érosion monétaire… (5% en zone euros sur 12 mois au 31/12/21 ; 2.8% pour la France ; 7% aux USA ;…).
  • Enfin de nombreuses entreprises envisagent de vendre au juste prix et prévoient d’augmenter leur prix pour ce premier trimestre : 50 % des entreprises dans le bâtiment pensent le faire, 45 % dans l’industrie, et 30 % dans les services dont l’hôtellerie et la restauration.
  • 145 milliards c’est le montant des PGE, 150 milliards, c’est le montant que les Français ont épargné depuis 2 ans. Ils sont donc la clef pour que la croissance se porte bien en 2022 encore faut-il les encourager.

Alors certes selon les douanes, nous avons un déficit commercial record de la France (cumulé 77.6 milliards d’euros) qui s’explique par plusieurs raisons d’abord qui est aussi dû à la reprise économique et comme nous ne fabriquons pas tout sur le territoire, nous importons, une hausse du prix des matières premières agricoles ou non, encore une fois nous sommes un pays importateur et nous avons changé nos modes de consommation où par exemple c’est l’équipement au foyer qui est le plus dynamique. Et comme d’un autre côté ; les marchés de l’aéronautique ou de l’aérospatial ont été durement touchés avec la crise, nous avons moins vendu, il faut aussi voir que le mode de transport par l’automobile évolue et que la vente des voitures surtout en milieu urbain est moins une nécessité. Cette crise fait donc naître des prises de conscience, comme réindustrialiser notre pays sur d’autres secteurs.

Vous allez me dire, bon très bien, mais moi, je vends des chambres et de la soupe…donc on fait comment sur les finances et l’économie ?

  • D’abord si vous êtes dans une situation fragile et que vous avez fait un PGE, sachez qu’il est possible de l’étaler avec une méthode différente si vous avez un prêt de plus ou moins 50 000 euros. Pour ceux en dessous des 50 keuros, il vous faudra à partir du 15 février, une attestation de votre expert-comptable et un accord de la banque.
  • Pour les prêts de plus de 50 000 euros, il faudra saisir le conseiller départemental de sortie de crise qui orientera vers le médiateur du crédit ou vers une procédure préventive des tribunaux pour réaliser un mandant ad hoc ou une conciliation et dans ce cas, cela portera sur l’ensemble des concours bancaires, y compris les PGE pour trouver une solution de restructuration. Pour les PGE en fonction de la négociation vous pourrez reporter de 2 ou de 4 ans et vous devez bien évidemment donner des perspectives commerciales démontrant la pérennité de votre entreprise.

Vous pourrez saisir le médiateur de la république dans les deux cas en vous connectant sur le site : https://mediateur-credit.banque-france.fr/

Si votre entreprise va bien, il est temps de réfléchir à bien positionner votre offre de prix, pas parce que vous allez gagner plus d’argent, mais parce que vous allez plus en dépenser : salaire, coût d’augmentation de l’énergie et des marchandises, il est nécessaire d’anticiper votre nouvelle carte ou prix de chambre maintenant.

Pour mémoire, les entreprises ont de la trésorerie et ont fait de la marge et les Français ont de l’argent, ainsi dans un monde plus responsable, la vision erronée du monde de demain « de la baguette à 0.29 centimes » ne sert que les finances de celui qui la propose pour se faire de la notoriété sur les gens les plus fragiles et finalement pour vendre d’autres produits à de meilleures marges. Ils orientent la France vers le bas alors que nous devons être à tout point de vue le pays de l’excellence de l’Europe, pour la santé et la qualité de notre nutrition et l’avenir de nos producteurs.

Les restaurateurs ont donc un rôle à jouer dans cette chaîne de valeur en vendant demain au juste prix et expliquant la cohérence de la chaîne de valeur.

Nous avons de grands changements devant nous : La décarbonation, le digital, l’adaptation à manager différemment ses équipes, la montée en gamme, la définition de sa raison d’être et ses missions, et comme vous je sais que ce n’est pas simple à penser quand nous avons déjà une boîte à faire tourner.

Mais ces quelques chiffres soporifiques restent des indicateurs favorables pour envisager que nous sommes tournés vers des jours meilleurs pour l’économie.

  • Le « quoi qu’il en coûte » ne doit pas conduire les politiques publiques vers plus d’austérité et il faut que nous sachions encourager à faire dépenser une partie du bas de laine des Français.
  • Il sera essentiel aussi de redorer le blason des métiers manuels et de soutenir la formation professionnelle et même si nous avons eu 650 000 apprentis en 4 ans, il faut continuer à soutenir cette voie et ne pas augmenter le prélèvement des entreprises sur ces sujets.
  • Le coût du travail, les taxes locales, et la fiscalité qui ont baissé en partie doivent encore diminuer pour que nous puissions avoir une politique pro-économique de cycle de 10 ans comme en Allemagne.
  • Les mécanismes de défiscalisation des heures supplémentaires ou des avantages en nature seront indispensables pour réamorcer la pompe de l’attractivité des métiers.

Certains diront : tout un programme ! mais le sens de mon billet est de vous dire que la confiance se gagne par les faits et par notre capacité à comprendre ce nouvel état du monde.

Sources des données : le Parisien, Rapport INSEE sur le financement des entreprises – Décembre 2021, Déclaration de Mr Nicolas THERY, Président de la FBF – 4/01/2022, les ECHOS, Christophe BASSE – Président du CNAJMJ – Libération 15/12/21– DI MARTINO – Tribunal de commerce, Banque de France – déc

Partager ce billet

Comments are closed.