Encouragés par les médias, plébiscités par les politiques, invités à de nombreux évènements, popularisés par des émissions de télé-crochet, surlikés dans les réseaux sociaux, les chefs de cuisine n’auront jamais été autant visibles.
C’est bien simple, vous souhaitez prendre des nouvelles d’un chef, ne l’appelez plus : consultez son compte instagram !
Ce monde de transparence où l’opportunité de tout savoir sur l’autre habite notre quotidien à tout moment, à tout instant (que le premier qui ne va pas aux toilettes avec son téléphone portable me jette la pierre) nous rendrait-il cependant moins lisible ?
A force de vouloir trop en dire, trop en faire, est ce que le sens du message devient encore audible ? A force de trop en voir sur les autres, à force de vouloir savoir si le nombre de likes de son nouveau post a bien dépassé celui de la veille, au final à force d’en faire trop…faisons-nous toujours bien ?
L’obsession de la visibilité est en train de tuer la lisibilité des chefs.
La visibilité permet d’acquérir un statut d’ambassadeur, voire de leader d’opinion et même pour certains personnages publiques. C’est grisant…Mais représentant de quoi ?
Mon métier m’amène à découvrir de nombreuses tables, ce qui fait que naturellement mon curseur d’exigence augmente par un excès de diversités accessibles et définitivement, je ne souhaite plus uniquement que les hommes et femmes qui me proposent des expériences soient intéressants, je souhaite qu’ils soient impactants.
Etre impactant, c’est être lisible : cohérence de l’expérience client, intelligence du parcours, donner pour recevoir, ne plus entendre mais écouter, transmettre pour pérenniser, construire et enseigner ses fondamentaux, transformer ses basiques en rituels, porter l’innovation au cœur de l’action pour répondre à l’exigence montantes des clients, ne plus penser talent unique, mais équipe inspirante, au final, trouver le sens profond de ses actions pour ne délivrer qu’un tout : l’émotion.
Les clients n’ont jamais aussi bien mangé dans les restaurants gastronomiques en France, mais ils n’y vont pas pour se nourrir. C’est un paradoxe absolu et c’est aussi l’opportunité de comprendre que la transformation de ce segment de restauration est une nécessité, car la France est la matrice de la gastronomie dans le monde.
Le code de demain ne sera peut-être même plus l’étoile ou la toque, car ces marques ombrelles d’hier ne sont plus que caution. Réfléchir à son territoire d’expression, définir sa signature, s’engager dans des actions qui nous rendent uniques, demain les clients du monde entier feront des milliers de kilomètres pour découvrir ce que vous faîtes mais pas uniquement pour qui vous êtes.