Hier, j’ai eu le plaisir de participer à une conférence à la première édition du Salon Horecalpes de Megève qui avait pour thème : AVIS CLIENT, BLOGUEURS, INFLUENCEURS : OPPORTUNITES OU MENACE ? Nous étions 4 intervenants : Marc Veyrat, Anne Luzin du Magazine le Chef, André Faucon Directeur régional de France 3 et moi-même.
Cette conférence a été compliquée pour moi, car c’est la première fois que 2 personnes à la fin d’une conférence m’indiquent qu’ils ont regretté d’être venus spécialement car ils étaient venus pour avoir de meilleurs éclairages sur comment faire pour faire progresser leur enseigne sur ces plateformes. Je n’ai jamais été aussi gêné.
Nous avons entendu :
« Que les vaches produisent trop de lait, que les politiques sont des incapables, que Paul Bocuse a déclaré que la star des fourneaux est Marc Veyrat, que cela a été un coup médiatique génial de refuser la veste 3 étoiles de Mickael Ellis car cela a été vu par toutes les télévisions du monde entier, que le Guide Michelin est en déclin car il tirait à l’époque à 1 million d’exemplaires et maintenant à 80 000 et que Tripadvisor : c’est un site de merde. »
Tout d’abord, je tenais à présenter mes excuses auprès des personnes qui ont fait le déplacement, je sais que vous prenez du temps sur votre travail et même sur votre temps de repos. Pour ceux qui me connaissent le mieux, vous savez que lorsque je suis invité en qualité de conférencier ou d’orateur, je bosse toujours mes interventions, car je pense que nous créons de la valeur non pas, par ce que nous sommes, mais par ce que nous faisons.
Alors, je me dis que si les chefs pensent que les guides gastronomiques, contenus édités par des avis d’experts, sont finis et que les réseaux sociaux et Tripadvisor c’est de la merde car c’est édité par les avis de la masse : il est intéressant de combattre les fausses idées.
« Si Tripadvisor, c’est de la merde ! », et bien vous induisez l’idée que vos clients sont de la merde !
Car même s’il existe de faux avis et vous connaissez mon engagement pour le dénoncer et trouver des solutions via mes prises de paroles dans la presse, lorsque je lis des avis, j’ai la sensation que l’on peut se faire une opinion car en réalité plus de 80 % des avis sont positifs et nous les lecteurs, savons faire la part des choses !
Aussi, je maintiens que lorsque vous avez un avis négatif, prenez le temps de la réponse, pas pour celui qui l’a écrit mais pour le prospect qui va lire votre réponse : le futur client ! N’hésitez pas à être drôle, en ce moment, je trouve même que certains excellent dans les réponses ! Ne soyez pas agressifs, le monde est déjà assez compliqué comme cela, et c’est une partie de votre image que vous révélez qui je sais, n’est pas le fond de vous-même au quotidien. Enfin, j’ai rencontré plusieurs membres du board de Tripadvisor, ils sont maintenant très attentifs à supprimer les avis qui touchent à l’individualité de la personne. De mon côté, j’aimerais qu’ils suppriment le profil entier de la personne lorsqu’un dérapage existe et pas seulement l’avis pour rappeler au consommateur, que l’ensemble de ces contenus ont de la valeur quand ils respectent l’autre.
Anne Luzin avec brio a rappelé qu’il ne fallait pas oublier qu’il n’y a pas seulement que les restaurateurs qui sont notés, même les docteurs le sont aujourd’hui et le monde étant devenu participatif, il faut comprendre les effets de leviers pour pérenniser vos maisons.
Enfin, Tripadvisor est présent dans le monde entier au contraire de Michelin ou Gault et Millau, et croyez-moi, vous seriez bien content de trouver des informations fournies par une communauté si vous souhaitiez savoir où manger, où dormir si vous deviez organiser votre voyage sans passer par une agence.
« Le guide Michelin est mort car il n’imprime plus que 80 000 exemplaires. »
Alors oui ! Sûrement que nous étions à l’époque à 1 million, puis à 500 000 exemplaires. Je ne sais pas pour vous, mais moi en 2018, j’ai plus d’intimité avec Android qu’avec Gutenberg, et quand je consulte Michelin, ou Gault et Millau, je le fais avec mon téléphone portable. Je ne sais pas si les intervenants chefs d’hier, savaient que certains clients ont des téléphones portables connectés à internet, mais vous verrez, nous clients, nous trouvons cela pratique !
Le site Viamichelin a plus de 5 millions de téléchargement d’application, le site Michelin Restaurant à plus de 500 000 téléchargements, leur site internet réalise une moyenne de 1 million de connexion par mois ! 12 Millions par an (information que m’a indiqué Gwendal Poullennec il y a deux ans).
Alors pourquoi, il imprime toujours un guide, c’est pour ce qu’on appelle les ventes « gasoil » à la station-service qui restent une très bonne source de distribution et enfin le guide papier est fait pour les collectionneurs.
Alors n’oubliez pas que les clients de vos maisons vivent avec leur temps. Je ne sais pas si je remets l’église au milieu du village comme pourrais me le dire un paysan de montage, mais arrêtons de donner de fausses informations sur le faux déclin des guides gastronomiques.
Enfin, ce ne sont pas les ventes du Guide Michelin qui propulsent les tables, mais les journalistes qui écrivent sur les tables distinguées à chaque sortie. Ainsi ils les font connaitre au plus grand nombre…
La mèche : les guides gastronomiques, le pétard : la presse et les réseaux sociaux.
« Pour exister, il faut faire des coups d’éclat ! et être fracassant dans ses déclarations pour exister »
Je pense qu’il ne faut pas plus communiquer, mais mieux communiquer.
J’ai la sensation que tout le monde pense aussi qu’il faut être « contre » pour être remarqué et pas « pour » un sujet.
La France est devenue l’un des pays les plus inaudibles en Europe de par notre façon de communiquer. Pendant ce temps-là les défenseurs de la gastronomie des autres pays s’organisent, deviennent inspirants, et mettent la France au rang d’une cuisine datée, ringardisée. Et personne ne réagit.
Nous continuons à perdre en profondeur, au sens que la nourriture touche à la santé, nous n’écoutons même plus les clients sur leur besoin car nous pensons que la création d’une carte d’un chef est sacrée. Les journalistes pensent que la star, c’est le produit ou le chef, rarement le producteur, pécheur ou artisan.
Nous ne savons même plus créer les conditions pour conserver une mémoire de nos coutumes culinaires pour les futures générations, nous nous désincarnons par une sur-communication, et nos paroles ont moins de valeur.
Ce sont naturellement des sujets qui me touchent, car j’ai toujours pensé que la gastronomie française est la matrice de la gastronomie dans le monde. Je pense même que certains pays ont une cuisine mais pas une gastronomie tout en respectant la cuisine des familles de ces pays.
Cependant, la cuisine ce n’est pas 660 tables étoilées Michelin, ainsi, André Faucon (Directeur Régional France 3), avec réassurance et détermination, a rappelé que France Télévison avait pour mission de couvrir aussi les autres cuisines, celles de tous les jours, qui de plus en plus se tournent vers des produits sains et des tours de main.
Aussi, je suis contre l’idée du représentant italien de Slowfood qui demande à ce que les producteurs réservent les produits exceptionnels aux grands chefs ! Je n’aurais pas le droit moi, citoyen, aussi à des produits sains et de qualité ? il faudrait développer une sorte de droit suprême parce que les chefs cuisent avec génie en basse température ou avec un chalumeau ?
Etre acteur au cœur de la gastronomie française, c’est comprendre que la gastronomie est pour tous et que pour prendre la parole, il ne faut pas faire des coups d’éclats, mais bosser et structurer sa pensée pour continuer à être inspirant.
Pour vous aider, j’ai vous propose d’organiser en 3 thèmes des sujets que l’on confond souvent.
- QU’EST-CE QUE L’IDENTITE DE MARQUE ? C’est votre logo, slogan, style, ton : c’est-à-dire la manière dont une marque souhaite être perçue.
- QU’EST-CE QU’UN POSITIONNEMENT : C’est la vision, l’expression, l’expérience, l’action : c’est-à-dire le choix du dirigeant et de ses équipes pour rester compétitif, cohérent avec son engagement.
- QU’EST-CE QUE L’IMAGE DE MARQUE : C’est la réputation, l’émotion, l’impression, la croyance : C’est-à-dire la manière dont le public perçoit votre marque et votre personnalité.
Mon billet est plus long que d’habitude, pardon… d’un autre côté, cela fait 3 semaines que je n’avais pas publié ! Alors je ne sais pas si cette écrit va aider à combattre les fausses idées, pour les 70 personnes présentent dans la salle, mais c’est un début. Enfin, le salon Horecalpes est un très bon salon de rendez-vous, entre montage et vallée, et l’organisation est top !
Le mardi 27 novembre à 14 H, je participerai avec d’autres, à une conférence sur un sujet similaire au Word Summit de Monaco– je serai heureux de débattre avec certains si vous êtes là-bas !