Pour certains la réouverture des restaurants sera identique à celle d’une réouverture comme de « longs » congés annuels, pour d’autres ce sera une ouverture en place assisse et la poursuite de programme lancé de manière éphémère ou régulière pendant cette période allant de la vente à emporter au chef à domicile ou de nouveaux points de vente pour diversifier sa gamme de savoir-faire.
Incontestablement, l’ouverture est bridée par les étapes progressives dictés par le gouvernement et c’est un atout, atout pour le chef d’entreprise qui peut greffer sa stratégie autour de certitudes et qui doit maintenant balayer l’ensemble des process pour retrouver la vie d’avant.
Après 1 an et demi d’effervescence autour la créativité pour résister, le retour aux basiques doit être repensé. Il s’annonce avec la contradiction d’un succès commercial et d’une crise de main d’œuvre, il est en revanche salvateur pour les équipes qui ont choisi une carrière, un métier, un cadre et qu’ils et elles savent qu’ils vont enfin le retrouver : le confort de la stabilité. Enfin, ne l’oublions pas la réouverture des restaurants en France se fait sans crise financière où la combinaison des subventions, prêts et prise en charge des salaires a placé la France leader dans le monde de la solidarité envers une corporation.
Le vrai danger de cette crise et qu’elle nous conduit à avoir une vision court-termiste de la stratégie d’une entreprise. Nous sommes alpagués par les étapes progressives à respecter, certes utiles à la société pour protéger et en même temps, elle nous bride pour innover et penser demain.
Pour élaborer une stratégie, il faut aligner la vision avec le contexte existant et celui dans lequel nous souhaitons au fond de nous nous inscrire. L’état des lieux étant conditionné par la règle sanitaire, nous exprimons encore des doutes pour transmettre facilement notre vision claire pour que chaque équipe puisse se retrouver et impacter les clients.
Elaborer une vision peut se résumer à un terme : être engagé. Engagé à ce que vous voulez… mais il est important que vous puissiez prendre du temps à réfléchir sur l’impact que vous souhaitez avoir à long terme pour ensuite déterminer vos objectifs. Par exemple : Engagement sur une pêche durable, sur la valorisation d’un territoire qui couvre des métiers d’excellence, d’un choix de cuisine flexi végétarienne… le sujet que vous choisirez doit vous rendre convainquant.
Une fois que vous avez établi la vision, il est nécessaire d’établir le contexte. Pour déployer une vision, il faut collaborer avec ses équipes, fournisseurs, partenaires. Par exemple pour une pêche durable, il faut comprendre la filière, bâtir avec eux des cycles de menus qui correspondent à la saison de pêche. Pour faire court, il faut construire les outils du diagnostic pour transformer une vision en projet.
Les moyens découleront du projet, financiers, humains, techniques… Trop souvent l’entrepreneur bute sur les moyens car ils arrivent trop tôt dans la réflexion sans que la vision et l’engagement ne soient eux pas encore assez clairement définis.L’étape de la transmission arrive derrière la définition des moyens, ne pensez pas qu’un simple rendez vous avec ses équipes suffise à faire passer les messages, il faut consulter sur l’idée, capter les ressentis, s’approprier les effets de leviers qu’expliquent vos équipes et écouter leurs points de vigilance.
L’un des grands secrets de la réussite n’est pas de vouloir résoudre les points de vigilance par de la contre argumentation, mais de capitaliser sur les effets de leviers qu’ils et elles perçoivent pour les développer afin que l’énergie positive devienne plus forte que les doutes. Dans certaines situations, c’est même l’émetteur du doute qui le règle car son enthousiasme canalisé lui fait résoudre les propres difficultés qu’il voyait dans le projet.
Alors oui, nous sommes toutes et tous conditionnés par la progressivité court-termiste qui nous empêche de rêver ce que nous serons en 2030 ou 2040.
Les temps de fermeture étaient baignés d’incertitude et n’a pas permis à tous et toutes de définir les contours d’une vision engagée.
Mais cette période nous a aussi appris à piloter de la créativité, passer d’une idée à une solution avec agilité, et s’engager dans des process d’amélioration continue. Nous avons toutes et tous sans le savoir capitaliser.
Imaginez ces réflexes acquis qui seraient transposés autour d’une vision et d’une stratégie : définitivement, vous avez vos plus belles années devant vous.