A l’aube des grands chantiers comme l’appel de « Yannick Alléno pour réunir des états généraux de la restauration » pour faire face à la crise de la pénurie du personnel, je souhaitais partager avec vous un évènement local qui traduit ce contexte et qui révèle des attentes et des besoins au plus près des étudiants.
Ce billet est le reflet de la perception de l’avenir de 25 jeunes femmes et hommes où 11 ont déjà décidé d’abandonner ou de se réorienter après leur stage de cet été auprès des professionnels. Ils et elles ont vécu des expériences allant du restaurant traditionnel au 3 étoiles Michelin.
Pour préciser le contexte, cette conférence a été organisée à l’initiative de Sylvie Rossi du Campus des métiers et des qualifications et de Madame La Députée Marion Lenne, les étudiants présents étaient ceux du lycée Savoie-Léman et du lycée Anna de Noailles, j’ai été choisi parmi les intervenants suite aux différents billets que je rédige chaque semaine dont certains portent sur les conditions du management en hôtellerie-restauration.
En amont de cette conférence 25 étudiants du lycée Savoie-Léman encadrés par Madame Véronique Steffen et Monsieur Olivier Algave, tous deux Professeurs Certifiés de Commercialisation et Service en Restauration ont souhaité apporter leur éclairage à cette crise et expliquer leur vision et ô combien, il est important de les écouter. La restitution a été faite par Margaux Pommier, une étudiante de deuxième année qui elle, va rester dans le secteur pour partir travailler dans un établissement en Corse prochainement.
Il en ressort un premier constat : 100 % des élèves de BTS aux débuts de leur études étaient motivés par ce métier, dans leur esprit, il offrait :
- La possibilité de voyager
- Une ouverture d’esprit
- La garantie de trouver facilement un emploi
- Le contact humain avec la clientèle
- La facilité que ce métier offre pour devenir entrepreneur
- De peut-être poursuivre l’œuvre de leur parent, 10 élèves sur 25 sont issus de famille de restaurateurs
- Et une vision d’un métier révélant des côtés artistiques aussi bien en salle qu’en cuisine
Avant les deux ans de formation, les freins à leur orientation étaient les suivants :
- La famille est un des freins principaux, avec la peur des horaires, du mode de vie et pour certains la perception de salaires peu élevés
- L’enseignement général avec les conseillères d’orientation au collège comme au lycée leur ont expliqué qu’il ne faut pas aller dans cette branche
- Ils ont eu la sensation que ce métier était vu universellement comme un métier facile d’accès aux gens, un peu ingrat, métier fait finalement pour ceux ayant rater leur enseignement général et sachant bien se servir de leurs mains.
Après donc 2 années de formation et plusieurs stages, presque la moitié ont décidé d’arrêter, leur raison sont les suivantes.
- Certains se sont rendu compte que ce n’est tout simplement par leur voie,
- Il y a une démotivation due aux expériences professionnelles (trop d’heures, pas de reconnaissance, manque de considération),
- L’ambiance et l’atmosphère du milieu avec un côté un peu trop militaire,
- Désillusion du métier, c’est un métier de passion mais des managers en face d’eux ayant perdu tout espoir,
- L’enseignement hôtelier n’a pas motivé à continuer dans cette branche. En clair il y a un véritable fossé entre ce qu’on apprend à l’école et la réalité du terrain, il y a aussi un manque de liberté de création à l’école, car la pression pour les professeurs d’absolument suivre le programme ne leur permet pas de nous offrir cette liberté de création,
- Le problème est que les programmes ne sont pas assez axés sur la profession pure et la réalité du métier,
- Un manque de modernité dans l’enseignement, une sensation de trop vouloir rester sur une vieille école,
- En BTS on note aussi une grande différence entre les élèves issus de bac pro et STHR concernant les connaissances pratiques comme la sommellerie et le bar par exemple,
- Globalement, on note une démotivation à cause de l’enseignement reçu et de l’expérience en stage décevante
Ma perception en clin d’œil : #seum #vdm
Cependant, il reste 14 d’entre eux qui souhaitent continuer dans cette branche, et à chaque fois qu’une entreprise ou une profession est fasse à un enjeu, le but est d’établir le bon diagnostic pour trouver le meilleur nouveau chemin, l’avis des étudiants compte dans ces futurs débats : pensez à les consulter.
*Les textes en italique sont les résultats de l’enquête de perception menée par les Professeurs auprès des Etudiants.