L’épisode que nous vivons sur la crise des ressources humaines en restauration pour être enrayée doit faire plus que les compromis d’urgence envisagés comme la limitation des coupures, préserver du temps libre en fermant plus ou fermer plus tôt…
En parallèle de ces actions d’urgence, un projet d’accord de branche est actuellement négocié, cependant la profession n’a pas encore pu se saisir du véritable dossier :
Quelle restauration souhaitent les professionnels et les clients pour 2030 ?
Des entrepreneurs qui à l’aube de 2022, l’année de la croissance à deux chiffres, ne se posent pas cette question sur la manière dont ils souhaitent faire rayonner leurs entreprises et leur profession ; ils et elles passent à côté de la profonde transformation à imaginer.
La révélation de cette crise a en réalité pris un ancrage depuis plus de 20 à 30 ans dans des mauvaises habitudes qui se sont transmises sans que personne ne réagisse.
La crise sanitaire n’a fait qu’accélérer cette prise de conscience de la part des salariés et cela a montré que les modèles de management et de développement sont archaïques dans les métiers de l’hôtellerie restauration, et que les entreprises familiales sont souvent de taille trop petite pour traverser les crises.
Réfléchir à un plan 2030, c’est aussi d’observer l’évolution des conditions et de l’économie des autres secteurs, la France a fait le pari d’une désindustrialisation au profit des activités du tourisme et du loisir, nous en avons même perdu une certaine indépendance.
Mais la France s’est surtout brouillée avec le travail : d’un côté le temps de travail a été réduit et d’un autre, il a été dévalorisé. Et pour le secteur de la restauration le temps de travail a lui augmenté avec des heures supplémentaires des équipes qui compensent depuis 4 à 5 ans le manque de recrues. Ces heures sont parfois rémunérées, parfois récupérées et dans certaines entreprises, elles ne sont jamais compensées, et il existe encore des rémunérations au « black » dans la profession qui ne servent ni la communauté, ni le salarié.
L’attractivité ne doit être qu’un des thèmes de ce plan 2030, en face de nous des défis qui concernent :
- les enjeux environnementaux et sociétaux,
- de faire émerger une raison d’être pérenne des entreprises,
- l’objectif de créer de la valeur,
- la volonté de repenser un modèle de croissance qui soit juste socialement,
- l’ambition de contribuer à l’espérance de vie scolaire et de l’apprentissage en entreprises,
- intégrer un comité de décision à mission au sein de son entreprise
- …
Il est essentiel de prendre en compte ces défis pour assurer une transition positive à la profession et il manque surement des thèmes à mes quelques propositions pour envisager progrès et innovation.
Placer l’humain au cœur des réflexions, accepter que l’équilibre temps pour soi / temps consacré aux autres, est un allier pour construire une profession aux coutumes durables ou encore préserver la planète comme axe central, pourraient être de grands chapitres pour ces thèmes.
Cette réflexion a besoin d’être construite par l’ensemble des acteurs et il est nécessaire de se réunir en 2022 par grandes régions pour capter l’intelligence collective et poser un plan 2023 pour la rentrée de septembre 2022.
Ce n’est pas l’année de la gastronomie dont la profession a seulement besoin mais un plan pour la décennie.