Le bon, la brute et le truand, ou, le restaurateur, l’agriculteur et le client.

Le bon : Le restaurateur ?

« Bon », je dirais plutôt « la bonne » : cuisine, simple basée sur des produits qui sont transformés sur place ou centralisés dans leur transformation pour plusieurs tables. La bonne cuisine n’est pas une cuisine de terroir mais de territoire, l’élevage et le produit sont plus proches du lieu de consommation. La cuisine respecte des saisons sans être dans un calendrier figé, elle s’inscrit dans une temporalité de produit de maturité qui dicte la créativité. Etre bon, c’est connaître et protéger son producteur, agriculteur, paysan.

La brute : L’agriculteur ?

Bruts : C’est comme nous les aimons, connectés à la terre, proches de leur élevage, conscients que le travail de la main qu’ils réalisent, a un impact sur notre santé et celle de nos enfants.

Brute : C’est aussi l’une des formules qu’il faut de nouveau atteindre, avec moins de normes ou plus proches de celles de l’Europe déjà contraignantes : Mais la France fait du zèle, encombre l’esprit, rend compliqué le geste ancestrale, qui doit certes évoluer pour assurer la meilleure hygiène, mais la norme uniformise aussi le goût. En réalité, la France n’est-elle pas coupable de la condamnation des plus petits, n’est-elle pas l’origine de la fusion de l’offre en vue de la laisser à quelques poignées d’industriels ?

Brut : C’est le moyen d’expression qu’ont choisi les agriculteurs de l’Ain et du Morbihan. Nous percevons cela comme une lutte, une sauvegarde, le tout pour le tout, l’avenir dans cette tenaille de course aux prix bas les asphyxie. La crise est sans précédent, alors l’idée de mourir en héros est sous-jacente. « Brut » ne doit être que l’acte pour dénoncer, attirer, mais il ne doit pas faire partie d’une culture, il ne construira pas l’avenir, il détruira, il faut engager les échanges autour des perspectives.

Le truand : Le client ?

Truand : Les clients sont devenus les petites mains des truands : les intermédiaires, puissants et seulement au nombre de 4 sur ce secteur, en pleine négociation en ce moment, les producteurs de lait, de porc, de viande bovine sont absents des discussions. Le tripartisme ne peut pas exister. Et pourquoi ? Pour que personne ne touche au sacro-saint statut du consommateur, lui, l’inconscient, le mal informé, qui a une capacité forte à changer car il n’aime pas être pris pour un pigeon. 3 à 4 centimes, c’est sûrement le montant qui changerait tout par exemple pour la filière porcine pour garantir une fabrication française mêlant traçabilité et qualité. Alors que le seul argument des acheteurs est de dire, nous voulons du rabais car les consommateurs ne veulent plus que du discount.

Les petites mains sont devenues sans le savoir les complices de nombreux acteurs et dans tous les secteurs.

Le consommateur est un chasseur de prix sans se soucier que les chaines de valeurs se détruisent mais aussi que la consommation du produit se dégrade en conséquence. Dans certaines filières, le consommateur est devenu grou-con, certains l’écrivent avec un P, dans d’autres, les chasseurs de « bon plan » n’y vont pas avec le dos de la « fourchette », « faîtes des remises, je vous dis, vous allez vendre ! », répète inlassablement le bourreau.

La loi du plus fort, c’est la stratégie d’une grande majorité des entreprises d‘économie dites « collaborative ».
A l’instar d’Uber qui appelle l’ensemble des taxis à les rejoindre et devenir ainsi, encore plus incontournable dans cette économie, à la fin il ne doit en rester qu’un. Mais en réalité, si le consommateur unit sa propre voix à d’autres, il redevient le décideur, le garant de l’équilibre et de l’avenir du monde qui est le sien.

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