Au pied du mur : Le mur des ressources humaines, le mur du manque d’attractivité des métiers, le mur du manque de formation en management, le mur du remboursement de la dette à venir en 2022.
Alors que l’incertitude est levée sur la reprise du marché et que les clients se précipitent en masse dans les restaurants, les restaurateurs font face à des situations qui pourraient laisser penser que même ceux qui ont le plus de succès pourraient s’emmurer dans des situations qui paraissent insolvables : ce n’est pas mon avis.
Lorsque je rencontre des entrepreneurs ou équipes de manager qui ont cette sensation, « d’être au pied du mur », je les invite dans un premier temps à intellectuellement faire plusieurs pas en arrière. D’abord car vu de loin un mur est toujours moins haut à surmonter, ensuite car cela remet immédiatement du sens à une situation. Remettre du sens c’est l’étape qui permet de passer des constats à l’action.
Le mur des ressources humaines : Dans les entreprises à partir de 30/50 salariés (et même de 100 !), il faut vous poser la question pourquoi cette compétence est souvent absente de vos maisons. Souvent confiées à la comptable qui en réalité ne réalise que les fiches de paie et croule déjà sur les missions de gestion, peu de dirigeants se rendent compte de l’importance d’une personne aux RH qui assure un service de bien-être des équipes. Ces dernières ont changé, elles ont besoins de plus d’assistance, elles sont plus dépendantes, y compris dans des démarches personnelles, offrir un service transversale aux équipes, c’est aussi s’assurer d’une meilleure fidélité et accepter que le RH ce n’est pas seulement faire des fiches de paie. Pour les entreprises de moins de 20 salariés, de nombreux restaurateurs se connaissent et s’entendent, il est peut-être temps de prendre ce type de talent en temps partagé pour avoir un coût maitrisé et un service nécessaire au dirigeant qui actuellement ne s’occupe l’esprit que sur cette problématique et ainsi ne crée plus d’innovation au sein de son entreprise.
Le mur du manque d’attractivité des métiers : Tout le monde le sait et personne ne fait rien. Etat, enseignement, regroupements professionnels, syndicats : sur ce sujet, nous sommes les champions du constat et les outsiders des solutions. Il est temps de tordre le cou à l’idée reçue que si je rate ma vie professionnelle ailleurs, c’est facile, je ferai barman ou serveur et tant que nous ne mettrons pas en place un parcours d’excellence à l’accessibilité de ces métiers : vous n’êtes pas près de les faire briller.
Le mur du manque de formation en management : Nous sommes passés en 2 à 3 années d’un management autocrate à un management inutile puisqu’il est devenu maternant. Pourquoi de moins en moins autocrate ? simplement par une peur de la dénonciation, et pourquoi maintenant maternant car c’est la réponse d’un extrême à un autre. Le meilleur équilibre est le management par la coopération : c’est-à-dire donner et recevoir. Comprendre qu’il existe une synchronicité sociale et accepter que la solution est l’intelligence collective, sont les clefs. Je le vois dans mes propres interventions en entreprise : je n’ai jamais rencontré un salarié débile, mais j’en ai souvent rencontré perdus sur le sens de leur action, la compréhension des attentes de la direction ou de leur simple attente d’entendre : « c’est bien ce que tu fais continue ! »
Le mur du remboursement de la dette : Pour bien comprendre une grande majorité d’entreprises avait des remboursements de prêts liés à des travaux ou achats de fonds déjà réalisés, puis la crise de la Covid-19 est venue ajouter une nouvelle dette appelée PGE qui sont des emprunts qu’il faudra rembourser à partir de mars 2022. Les banques garanties par l’état à 90 % de ce prêt d’argent n’ont pas regardé en commission si l’entreprise était capable de rembourser. Et demain, quand à la fois, il faudra assurer le remboursement des dettes existantes plus cette nouvelle, il est possible que certaines entreprises n’aient pas assez de trésorerie pour le faire. Nous étions dans le « quoi qu’il en coute », sans penser à demain. Il est essentiel de se saisir dès maintenant de ce dossier par des regroupements ou syndicats pour négocier, et pouvoir par exemple passer de 4 ans à 7 ans ou 10 ans de remboursement, la transformation en subvention ne serait pas extensible, mais obtenir un allongement est essentiel pour la pérennité de nombreuses entreprises.
Je comprends que la profession ne soit pas mûre pour affronter autant de murs en même temps. Mais j’ai confiance en la maturité des hommes et des femmes qui composent cette profession et qui représentent autant de richesses pour notre pays dès lors ou elle prend de la distance avec les murs pour créer avec objectivité du sens, de la méthode pour retrouver des sensations de plaisir.