C’est d’une tribune dans le Point que je tire le titre de mon billet de cette semaine ô combien juste.
Hier, j’imagine la déception de la profession qui avait mené des actions telles que des tribunes dans les journaux, des affiches d’agence de pub mentionnant « à 30 % nous allons fermer » dans le but de faire réagir le politique pour obtenir enfin une date de réouverture des restaurants, bars, hôtels, etc. Une partie attendait le 15 mai, d’autres parlaient du 15 juin mais le gouvernement a tranché : une simple date de réunion et des renforcements d’aides. Le politique a décidé de sauver l’humanité coûte que coûte, il annonce même un chiffre, plus de 60 000 vies de sauvées grâce au confinement.
Je comprends l’idée d’une date, mais à la lecture des posts dans les réseaux sociaux que je scrute pour comprendre, parfois même des échanges que je peux avoir lors des webinaires, j’ai la sensation que nous n’arrivons pas encore à saisir l’enjeu : il n’y a pas d’espoir d’un retour à la vie normal sans vaccination et celle-ci n’est pas pour demain.
Evidemment, que j’aimerais que l’on se tienne tous dans les bras, que l’on vive des moments de joie et de convivialité autour d’une gastronomie pour tous et je sais aussi qu’humainement pour vous le plus dur c’est de ne pas avoir de calendrier comme si nous ne voyons jamais la fin d’un tunnel. Mais une fois que vous verrez cette lumière, elle sera plus fragile moins éclatante, car même la rentrée de septembre, notre routine annuelle n’aura pas lieu.
Alors oui, je vous l’annonce 100 % des chefs d’entreprises qui ne font rien en ce moment viendront bien conforter le chiffre sorti du chapeau des 30 % des établissements qui déposeront le bilan…
Je crois qu’il ne faut pas « vivre avec demain », le virus est déjà là et restera. Il faut « vivre avec maintenant ». Certes la position des maisons n’est pas la même pour toutes, celle qui a le plus de dettes, celle qui venait de débuter, celle qui déborde de trésorerie et qui attend au chaud que cela se passe. En attendant, j’analyse la tonalité de la communication de la profession construite sur la peur. Mais la communication de demain, ce n’est pas transmettre une information, c’est établir une relation.
Etablissez des relations, renouez le dialogue avec celui qui vous encensait hier, votre client, relancez une économie circulaire qui favorise votre territoire, repensez votre offre d’aujourd’hui mais aussi celle de demain en imaginant que vous allez offrir des parenthèses heureuses, pensez que la complicité sera une des clefs de notre avenir commun, soyez le passage des témoins des hommes de la terre et de la mer, qui ont tant besoin de vous en ce moment, aux urbains. Vous avez déjà le pouvoir de fabriquer des souvenirs à nous les clients, vous devez agir maintenant, les anniversaires se fêtent encore, les familles vont se retrouver, la fêtes de nos mères arrivent plus vite que vous le pensez.
Avec cette vision, ce n’est plus la date qui compte, c’est l’envie que vous avez de reprendre la main sur le temps, celui qui nous consomme de toute façon et qui nous conduit à la même destinée.
Agissez, même si au fond vous décidez de changer de métier, mais cette semaine plusieurs chefs m’appelaient pour confier la joie qu’ils avaient d’avoir rallumé les fourneaux, simplement cela, pas pour faire plus qu’avant, ils en sont bien conscients, mais pour déjà apprendre à faire différemment.
Je sais que vous tentez de vous entendre collectivement, mais vous continuez à vous écouter différemment car vous êtes trop loin les uns des autres avec seulement quelques têtes d’affiche pour vous représenter.
Vous rapprocher, vous rapprocher : c’est le secret et ce qui fabriquera le plus de résultats car cela sera uniquement par territoire que la vie reprendra : les enjeux des uns ne seront pas ceux des autres, alors trouvez un représentant national n’a aucun sens.
Votre enjeu, ce n’est plus les chefs entre eux, mais la prise de conscience que par territoire vous devez unir l’ensemble d’une filière qui doit maintenant formuler une mission, librement définie, dotée d’un impact social, sociétal ou environnemental, positif et engageant l’ensemble des signataires. (chefs, producteurs, vignerons, professionnels des métiers de bouches, acteurs du tourisme)
Par territoire, tous se connaissent et se protègent. Ainsi, vous saurez déployer les moyens nécessaires pour accomplir dans une dimension sociétale, un intérêt collectif qui bénéficie tant à l’entreprise qu’à l’économie, aux humains et la planète : le meilleur des vaccins.