A quelle sauce allez-vous être mangé ?

Après avoir visionné le reportage de l’œil du 20H sur France 2, je me suis interrogé sur le sens donné à une carte presse. Dans ma mémoire, un journaliste se doit d’être impartial, objectif, et adhère un code éthique garantissant le bien-fondé des informations qu’il porte à la connaissance de son public.

Qu’en est-il aujourd’hui ?

Selon le JT de France 2, un restaurateur aurait été averti à 3 reprises (le con !) et une fois de plus en 2018 il se serait fait prendre la main dans le sac, en omettant de faire signer les feuilles de présence par ses salariés (le salaud !).

Ayant le bras très long, et jouissant d’une position de Chef 3 étoiles, il aurait demandé à Madame la Ministre d’intervenir dans son dossier par écrit (l’idiot !) pour « que la ministre prenne en compte ses efforts pour se mettre en règle et sa convalescence après son opération ». Madame la Ministre lui a également répondu par écrit « je tiens à vous féliciter chaleureusement pour vos 3 étoiles au Guide Michelin (…) Je demande au Directeur Général du Travail et au Directeur Régional de l’Occitanie de me tenir informée de l’évolution de la situation » (On tient un truc là…)

Dans ce billet j’ai souhaité amis lecteurs, passionnés de cuisine, vous livrer la recette d’une sauce réussie.

  • Les ingrédients : Prenez le plus d’informations possible, plus vous en avez plus vous pourrez monter votre sauce de façon réussie. Un ingrédient qui vous paraît inutile en amont peut s’avérer être un parfait liant dans votre montage final.
  • La réduction : Faites un premier tri dans tout ce que vous pouvez utiliser. Petit à petit, faites réduire votre sauce et délectez-vous du goût qu’elle commence à prendre. Utilisez cette formule : (…) , autant que vous le souhaitez. Cela permet de réduire votre sauce et de ne garder que ce qui vous semble intéressant pour l’angle que vous avez choisi.
  • La texture : Votre sauce doit avoir du relief, du goût, elle doit accrocher le palais et lier votre met pour une parfaite explosion en bouche. Quand vous arrivez à combiner tous ces éléments, recouvrez votre coquille vide avec votre sauce et régalez vos convives.

Voilà le triste sentiment que j’ai eu en regardant ce reportage censé être de l’information et qui n’a que la saveur d’un mauvais divertissement. Alors, j’ai souhaité à mon tour et avec les mêmes ingrédients dont disposait le journaliste, faire ma sauce.


TOUT ÇA POUR ÇA

Après avoir été alerté en 2010 par l’inspection du travail pour un manquement à la règlementation, un Chef étoilé a mis en place des actions pour se mettre en parfaite conformité. 8 ans plus tard, et alors qu’il vient de se faire opérer à cœur ouvert, l’inspecteur du travail qui mène un contrôle dans son établissement insiste pour qu’il sorte de son lit malgré l’arrêt maladie dont il fait l’objet (le comble). Constatant que depuis son départ en maladie les feuilles de présence de ses salariés ne sont pas signées, elle porte son dossier auprès de sa direction. Après avoir tenté d’expliquer qu’il pensait pouvoir revenir en mars pour l’ouverture de son restaurant mais que son état de santé ne lui a pas permis, le chef agite tous les drapeaux qu’il peut, allant même jusqu’à envoyer une bouteille à la mer en écrivant à la ministre du Travail et au Pape (qui n’a jamais reçu sa lettre selon nos informations).

Après s’être vu écrire d’aller se faire cuire le c** « j’observe, qu’à l’exception de la question du décompte du temps de travail, les autres points font tous l’objet d’observations ou de rappels des dispositions applicables, ce qui est l’expression de la fonction de conseil de mes services. (…) un entretien approfondi aura lieu avec la DIRECCTE, entretien au cours duquel vous aurez le droit d’exposer la situation de votre établissement et les actions déjà engagées par vos soins. (…) J’ai bien entendu votre volonté de conjuguer votre excellence professionnelle avec un réel souci de régulariser les anomalies soulignées par la Direccte.», le Chef a été entendu par une instance neutre.

Après avoir montré les efforts faits pour palier son absence, et faire signer les feuilles de présence par ses salariés tout en continuant sa convalescence forcée, le Chef s’est tout de même vu assigner un avertissement ! Bien que blessé par une telle sanction, le Chef s’est résigné à celle-ci.

Mais pour la CGT, l’introduction du courrier de Madame la ministre qui par une formule de courtoisie félicite le Chef des notes qu’il a obtenues en retour du courrier qu’il lui a écrit et dans lequel il présentait ses résultats, jumelée à une conclusion toute aussi courtoise « je ne manquerai pas de me tenir informée de la suite donnée à votre dossier, bien à vous » la sauce peut prendre. Alors à coups de communiqués et de petits mensonges entre amis, on arrive à ternir le travail d’une vie, d’un couple, d’une brigade et à comprendre qu’il n’y a peut-être pas que l’œuf qui est pourri.


Alors, dans cette séquence où la seule question ne concerne pas ce chef qui se retrouve malgré lui comme un exemple de plus d’une prétendue méthode Pénicaud, nous sommes censés nous interroger sur l’indépendance de l’inspection du travail.

Mais qu’en est-il de l’indépendance de la presse, lorsqu’on voit un reportage à charge comme celui diffusé au JT de France 2 ?

 

 

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